Prologue : Arrivée à Verdure

 Entre les volutes de fumée noire des incendies, une silhouette massive décrivait des cercles dans le ciel. Au loin, des cris résonnaient. Bataille ? Pillage ? Peu importait. Le chaos s’abattait sur la petite ville de Verdure.
 Non loin de là, quatre vagabonds demeuraient figés, témoins impuissants de la catastrophe.
 L’un d’eux, un elfe sorcier, avait péniblement traîné depuis la Haute Forêt un colossal chaudron. En route pour Château-Suif, il avait fait la rencontre de vils gredins, sans doute attirés par le vacarme métallique de sa marmite. Heureusement pour lui, un roublard elfe, fugitif d’Eauprofonde, vola à sa rescousse. Errant à la recherche de butins, il décida d’accompagner le sorcier. Peut-être que des richesses pavaient son chemin…
 Au cours de leur périple, ils rencontrèrent deux autres voyageurs : un paladin massif, à la sombre allure, pistait maladroitement un étrange maître des masques. Percevant une tension, les deux elfes intervinrent, clarifiant la situation. La nuit tombant, alors que les quatre vagabonds échangeaient, vint, au détour d’une conversation, l’idée de camper ensemble jusqu’à la prochaine ville. Chacun pourrait reprendre sa route une fois Verdure atteinte.
 Mais, au lieu d’une charmante petite ville, un paysage de violence se dressa face à eux. Des flammes, des cris et surtout… un immense dragon bleu. Ses hurlements déchiraient le ciel. Il crachait sur le village des salves d’éclairs qui provoquaient des incendies.
 Guidé par son sens du devoir, le paladin s’élança tête baissée vers le danger. Entraînés malgré eux, les trois autres le suivirent. Tandis que le roublard et le maître des masques tentaient de comprendre la situation, une marée de kobolds furieux surgit, assaillant un pauvre groupe de villageois. Le paladin s’interposa vaillamment, encaissant de multiples coups. Mais la faveur de Torm n’était pas avec lui : entravé et subissant de nombreux assauts, il était sur le point de plier. Alors, le sorcier leva le bras, désigna la meute et lança une malédiction affaiblissante. Le maître des masques, témoin de la scène, banda aussitôt son arc, abattant plusieurs ennemis pour soulager son allié.
 Pendant que tous les kobolds se concentraient sur le paladin, le roublard se glissa dans l’ombre. En un éclair, il se jeta sur la créature la plus proche, lui trancha la gorge tout en sectionnant la carotide d’un autre. Profitant de son élan, d’un mouvement rotatif, il projeta ses dagues dans les crânes des derniers ennemis.
 Les vagabonds purent profiter d’un court moment de répit, mais le chaos se déversait encore sur Verdure. Il leur fallait secourir les villageois et, surtout, comprendre la cause de cette catastrophe.

ÉPISODE I : Ouille Aille Aille Ouille !

 « Vite ! » s’était écriée une villageoise armée d’une lance. Elle pointa du doigt le fort au sommet de la colline et, sans plus attendre, s’y précipita avec sa petite famille. Cependant, malgré leur hâte, ils étaient lents. Les trois enfants tétanisés n’avançaient plus et le mari boîtait douloureusement à cause d’une large blessure à son flanc. Les aventuriers s’emparèrent alors de la situation. Le Sorcier bodybuilder usa de ses muscles, portant les enfants dans son chaudron. Le paladin, lui, se signa auprès du villageois blessé, faisant jaillir de ses paumes une lueur terne et tendre qui s’infiltra dans la chair meurtrie de l’homme, refermant ainsi ses plaies. Le roublard prit la place de guide, établissant l’itinéraire le moins dangereux et le plus rapide, tandis que, fermant la marche, le maître des masques servait de sentinelle.

 Dans leur course effrénée, le groupe tenta d’éviter les mercenaires, kobolds et cultistes qui provoquaient ce chaos. Mais la confrontation fut inévitable. Se retrouvant face à un petit groupe de kobolds suivis d’un cultiste, la seule option fut le combat. Le paladin plaqua le cultiste au sol. Le sorcier et le roublard en profitèrent pour se focaliser sur les kobolds. L’un maudissait ses ennemis, tandis que l’autre plongeait ses lames dans leur chair. Usant de ses talents d’anesthésiste, le paladin endormit paisiblement le cultiste dans l’objectif de l’interroger plus tard. Malheureusement, ce plan rencontra un obstacle.

 Tandis que le maître des masques avait repris la tête du groupe, il se confronta à des mercenaires et des kobolds qui portaient fièrement les butins pillés du village. Souhaitant éviter la mêlée, le maître disparut dans l’ombre d’un bâtiment. Comme à son habitude, le paladin se jeta sur le premier ennemi venu, lâchant au passage le cultiste au sol. Le sorcier, remarquant un kobold qui tentait d’incendier une maison, lui jeta une malédiction de guêpe, le condamnant pour le restant de ses jours à subir l’assaut répété des dards et bourdonnements. Repérant un homme qui récupérait un flambeau, le roublard se jeta sur lui et demanda au sorcier d’aider le paladin. Il échangea des coups avec le pyromane, subissant quelques blessures avant de le neutraliser. Alors qu’il s’élançait pour soutenir ses compagnons, un miaulement détourna son attention. Dans les flammes, une silhouette féline, un chaton à la fourrure flamboyante appelait à l’aide. N’écoutant que son cœur, le roublard bondit au milieu des kobolds et des flammes pour secourir la pauvre bête.

 Dans la cohue, le paladin piétina brutalement le crâne du cultiste qu’il avait emporté. Une scène horrible qui ne manqua pas de traumatiser les enfants qui y assistèrent. Le paladin, venant de tuer son seul otage, demanda aux autres membres du groupe d’essayer de faire des prisonniers. Le sorcier, qui parait les coups avec son chaudron, finit par frapper sèchement un mercenaire, lui fendant le crâne. Le maître des masques, lui, surgit des ombres et frappa à la tête un autre adversaire, qui s’effondra et convulsa. Les aventuriers s’échangèrent un regard perplexe : il semblait qu’assommer leurs ennemis se révélait plus létal que d’essayer de les tuer.

 La famille de villageois avait pris de l’avance et le groupe tenta de les rattraper. Arrivant à proximité du fort, ils virent que les portes commençaient à se fermer. Sans attendre, tous se précipitèrent dans l’ouverture avant d’être bloqués à l’extérieur.

 Plusieurs villageois blessés et paniqués s’étaient regroupés ici. Les gardes du fort, visiblement peu formés à leur fonction, tentaient de contenir la panique et d’aider les blessés. Le paladin proposa son aide mais, épuisé par les multiples coups, il ne parvint pas à user de son imposition des mains. Le maître des masques dévoila alors une de ses capacités : celle de copier les pouvoirs d’autrui. Il fit une imposition des mains qui parvint à soigner un villageois, mais, n’étant pas prêt à sacrifier sa propre condition privilégiée pour de pauvres victimes, il ne guérit qu’une poignée de blessés.

 Durant ces instants, le sorcier et le roublard s’en allèrent quérir l’aide du chef des lieux, un certain Côteaunoir. Son allure et sa manière de parler éveillèrent la méfiance du roublard. De plus, il semblait tout ignorer des cultistes et du dragon qui les attaquaient. Il confia néanmoins des informations précieuses aux deux aventuriers, qui s’empressèrent d’aller les répéter à leurs alliés dans le but d’établir un plan.

 Sous le fort, un tunnel secret menait vers la rivière au Sud. Néanmoins, ce tunnel, ancien et non exploité, pouvait être peuplé de quelques dangers. Côteaunoir leur indiqua aussi la présence de soigneurs au temple de Chauntéa. Les aventuriers se mirent en tête de nettoyer le tunnel pour permettre le passage, et de s’en aller secourir les soigneurs du temple.

 Derrière quelques tonneaux, le groupe découvrit une porte que le roublard crocheta. S’enfonçant dans le tunnel sombre, ils durent s’équiper d’une torche. On entendait grouiller des créatures dans les murs du tunnel et, malgré la lumière, le paladin ne vit pas un rat immonde mordre sa jambe. S’apprêtant à écraser la vilaine bête, le sorcier s’interposa, commençant à parler dans un langage curieux et saugrenu aux rats. Après une courte conversation incompréhensible pour les autres membres du groupe, les rats s’écartèrent et le sorcier indiqua qu’ils ne représentaient aucune menace.

 À la sortie du tunnel, le groupe subit une embuscade. Cerné par l’ennemi, le sorcier agita la capuche rouge du cultiste tué accidentellement par le paladin, intimidant ses adversaires. Quelques kobolds s’enfuirent, mais le combat s’engagea tout de même.

 Fatigué par ces nombreux combats, le paladin ne parvint plus à se battre, ne servant plus que d’obstacle à ses adversaires. Le groupe fatiguait, et le roublard, tentant de soutenir le paladin, subit de violentes attaques de kobolds qui le plongèrent dans un état de torpeur. Le maître des masques, tentant de lui porter secours, encaissa plusieurs coups; il lui administra une potion de soin qui referma les blessures les plus graves mais laissa le roublard dans son état léthargique.

 Durant ce temps, le sorcier combattait de toutes ses forces. Lui et son chaudron s’imposaient comme une véritable muraille face à l’ennemi, protégeant ses compagnons. Le paladin, galvanisé par les efforts de son frère d’armes, se releva et massacra ses ennemis, n’en laissant qu’un seul. Le sorcier proposa à ce dernier de se rendre, mais il négocia : soit le groupe le laissait fuir, soit le combat continuait. La seconde option fut choisie et, sèchement, le paladin le trancha en quatre parts égales.

 Grâce à une flasque de liqueur de groseille, le roublard sortit enfin de sa torpeur. Ensemble, le groupe rebroussa chemin pour se reposer un instant et récupérer ses forces.

Episode II